Moyen de locomotion, certes, la bicyclette est avant tout un moyen de déplacement intérieur : tout corps placé sur un vélo, voit son regard sur le monde légèrement se modifier.
On ne se déplace pas à vélo, c'est le vélo qui nous déplace.
Ne négligeons pas non plus que cette rédemption à l'oeuvre chez le cycliste puisse aussi sourdre subtilement du rythme.
L'alternance régulière pied gauche, pied droit qui entaîne la rotation tranquille, voire PEPERE, du pédalier (et au delà la motricité de l'ensemble !),
n'est pas sans rappeler le va et vient du pendule et ces vertus hypnotiques car peut être s'agit-il aussi d'hypnose, quand le tic-tac
métronomique des moyeux et le mouvement de pompe alternatif des genoux entraîne non seulement le vélo vers l'avant, mais aussi son passager dans un état d'apaisement,
entre veille et rêve, entre sol et ciel. Dans ces moments de dissolution du regard, il n'est pas impossible que surgisse fugitivement chez le cycliste la vision de l'axe de son pédalier et l'axe du monde
(axis mundi). Et dans une certaine mesure... il est.
