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Balades cyclistes en 1896

Balades cyclistes aux environs de Paris

Les environs de Paris - sauf au nord-est - sont essentiellement véloçables. Les seules routes impraticables sont les grands routes nationales et les routes du temps de Louis XIV, et il n’est que juste de dire qu’elles sont abominables pavées. Mais on peut toujours les éviter en prenant d’autres voies générales plus pittoresques.
C’est même un des grands avantages de la bicyclette que quelques kilomètres de plus à faire, chose grave pour un piéton, sont pour un cycliste quantité négligeable. Quant aux routes départementales, aux chemins vicinaux, aux chemins de grande communication, ils sont presque partout parfaitement tenus et admirablement propres au cyclisme.
On rencontrera peu de descentes dangereuses, mais un assez grand nombre qu’il sera bon de faire avec précaution. Quant aux côtes, on en trouvera souvent, mais la plupart sont enlevables en machine.
Il n’y a que deux ombres au tableau. C’est d’abord la banlieue immédiate de Paris, vaste plaine qui fait le tour presque entier de la ville et se prolonge jusqu’à 2 et parfois 4 kilomètres de fortifications, plaine parsemée d’usine malodorantes de carrières, de cultures maraîchères empestant le fumier, pis encore, la gadoue, de misérables habitations ou de villes industrielles fort laides ; plaines que contribue encore à attrister la zone militaire, bande de terrain de 500 mètres, contiguë aux fortifications, et sur laquelle il est interdit de bâtir quoi que ce soit.
Heureusement le cycliste peut échapper à ce trajet ingrat en sortant de Paris et en y rentrant par le Bois de Boulogne et le Bois de Vincennes, ces deux admirables promenades qui semblent exprès pour favoriser le vélocipède. En traversant l’un ou l’autres des bois, on se trouve passer de Paris dans la campagne sans avoir à subir le spectacle maussade de la banlieue industrielle. L’autre désagrément que présentent les environs de Paris, c’est la pavage des grandes routes, surtout dans la partie Nord-Est. Pavées ou presque entièrement sont les routes directes qui vont à Clermont, à Senlis et à Compiègne, à Villers-Cotterets et à Soissons, à Meaux, à Ermenonville. Dans cette région les routes latérales sont quelquefois pavées elles-mêmes. Il faut que le touriste ou prenne le chemin de fer ou fasse d’assez longs détours, qui l’allongent de 10, 15 ou 20 kilomètres et plus. Dans tous les cas, pour visiter cette partie déshéritée des environs de la grande ville, il est indispensable de se munir d’un bonne carte vélocipédique.

La route

Les routes des environs de Paris comme toutes celles de France, se divisent en cinq ordres principaux :

  1. Les routes nationales, entretenues par l’Etat
  2. Les routes départementales, entretenues par le département
  3. Les chemins de grande communication, entretenus concurremment par le département et les communes
  4. Les chemins vicinaux, entretenus par les communes
  5. Les routes forestières, agricoles, etc., d’un entretien irrégulier.

Les trois premières catégories sont toujours véloçables, la quatrième l’est presque toujours, quant à la cinquième, on ne peut rien avancer de précis.
Il est bon de rappeler que les cantonniers sont tenus, par leur règlement, d’apporter aux voyageurs aide et assistance gratuite, en cas d’accident.
La meilleure époque pour parcourir les environs de Paris, ce sont les six mois de mai à octobre. En avril et en novembre a lieu l’empierrage d’entretien des routes. Bien qu’il soit très rare qu’on empierre en même temps toute la largeur de la route, la rencontre de parties fraîchement rechargées peut être fort désagréable, surtout la nuit. Les excursions d’hiver, quand le temps est sec et à la gelée, ont aussi leur charme. Pour obvier au froid aux pieds, les envelopper d’un journal entre le bas et la chaussure.

Poids des principaux objets pouvant entrer dans le bagage d’un voyageur cycliste

  1. Garde-robe
    • Caleçon de toile 200 gr
    • Ceinture de laine 220 gr
    • Faux col en celluloïd, 370 gr
    • Gants de peau, 1paire 50 gr
    • Gilet de flanelle 260 gr
    • Manteau caoutchouc avec capuchon 600 gr
    • Mouchoirs 6 200 gr
  2. Photographie
    • Pied en noyer modèle léger 960 gr
    • Pochette avec 6 diaphragmes 50 gr
    • Voile noir 1,30X0,65 230 gr
    • Chambre noire 13X18 avec objectif 1 850 gr
    • Châssis double 360 gr
    • Glaces gélatino-bromure la boite de 12 1 400 gr
    • Sac à appareil (vide) 600 gr
  3. Objets divers
    • Album ou bloc pour aquarelle 23X13 260 gr
    • Boite de couleurs 130 gr
    • Réservoir à eau (plein) 150 gr
    • Pliant 650 gr
    • Carte d’état-major au 80 000° la feuille 45 gr
    • 2 crayons gomme et canif 100 gr
    • Jumelle moyenne, étui compris 380 gr
    • Révolver chargé de 5 coups, étui compris 380 gr
    • 20 cartouches de 7 millimètres 85 gr

Notes pratiques

Avoir toujours dans sa sacoche quatre choses indispensables : une clé anglaise, une burette d’huile, un chiffon et une pelote de ficelle.
Après 1 000 kilomètres, faire nettoyer sa machine à fond par un mécanicien (de 3 à 5 francs).
Ne jamais voyager sans frein, sous aucun prétexte. Dans les très longues descentes, faire un serre- frein avec un mouchoir roulé en corde, autour de la poignée.
Lorsque l’on veut dépasser une voiture qui va devant, prendre à gauche de cette voiture.
Si le cycliste est victime d’une agression soit d’une personne, soit d’un animal (d’un chien notamment), il ne doit jamais se faire justice lui-même. Nous ne saurions trop lui recommander de résister à un premier mouvement de colère. Les cyclistes qui ont tués des chiens, par exemple, ont toujours été condamnés.

J.Bertot Guide du cycliste en France
Les plus belles excursions des environs de Paris, 1896
Bardet et Mendel Edit.

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